Nouvel ATH sur Bitcoin propulsé par l’élection de Donald Trump : analyse & perspectives d’Hasheur
J’ai le plaisir de retrouver Owen Simonin pour une interview 7 ans après sa première apparition sur VideoBourse. Que de chemin parcouru puis ce que Meria approche aujourd’hui la cinquantaine de salariés. Les nouveaux plus hauts atteints sur le BTC propulsé par l’élection de Donald Trump aux États-Unis constituent une excellente occasion d’entendre son analyse et de découvrir ses perspectives pour les mois à venir à propos d’un secteur crypto toujours innovant mais plus concentré. Merci à Thibaut BOUTROU pour son travail et sa collaboration active dans cet exercice.
Le niveau des 70 000 / 80 000$ constitue-il un plafond de verre pour le cours du bitcoin ?
Nous sommes dans une configuration assez exceptionnelle si nous nous référons aux précédents cycles. Si on revient un peu en arrière, le précédent plus haut de BTC était à 67k$. Ce plus haut a été franchi en mars dernier, à 73k$, notamment grâce au lancement des ETFs.
Ensuite, naturellement, l’inflow sur les ETFs s’est quelque peu lissé, même si la collecte est un franc succès. En parallèle, le marché a fait face à d’importants événements porteurs de pression vendeuse, comme les différents remboursements de MtGox, Jump,… ou les ventes massives du gouvernement allemand. Si bien que même s’il y avait toujours des flux acheteurs, ils étaient compensés par une pression vendeuse qui n’a pas permis à BTC d’aller retoucher son point le plus haut (ndlr : c’est maintenant chose faite).
Est-ce un problème ? Pas vraiment. En réalité, c’était déjà inédit de voir BTC faire un nouvel ATH avant le halving. Si on se réfère aux précédents cycles, le début d’année était vraiment canon et là, on est plutôt dans une configuration qui s’en rapproche. Affaire à suivre…
Vers un marché centralisé sur quelques gros tokens ? La fin des altcoins et de l’innovation démocratisée ? La faute aux scams et projets bidons (meme tokens, shitcoins, NFT…) ? Ou autre (taux d’intérêts des banques centrales et niveau d’inflation moins favorable à l’innovation ?). Bref, vers une nouvelle ère pour les crypto monnaies ?
Une certitude, il existe aujourd’hui plus de 10 000 cryptomonnaies référencées sur CoinGecko et CoinMarketCap, mais en réalité, il y en a bien plus encore, et naturellement, la majorité d’entre elles vont disparaître. Attention, dans ce lot, certaines sont effectivement des scams ou issues de projets peu sérieux, mais certaines échoueront également pour d’autres raisons : difficulté à rencontrer leur marché, divergences au sein de l’équipe, etc. De la même manière que certaines entreprises font régulièrement faillite pour diverses raisons.
Le marché est encore jeune et risque d’évoluer. Si on prend les 10 sites internet les plus consultés en l’an 2000, il y aura de grandes différences avec le classement actuel. Je vous invite à jeter un œil au top 10 de CoinMarketCap en 2015, 2020, et aujourd’hui.
Est-ce pour autant la fin des altcoins ? Je ne pense pas. En réalité, on va simplement tendre vers plus d’objectivité, et plus on avancera, plus on sera attentif aux usages. De l’innovation, il y en a et il y en aura toujours, particulièrement en ce moment. Nous sommes au cœur de l’adoption, les capitaux sont globalement présents, il y a une certaine effervescence, et en plus, nous allons pouvoir combiner cela avec des technologies comme l’IA. Donc, l’innovation a encore de beaux jours devant elle.
Concernant un nouveau cycle, nous l’attendons avec impatience évidemment, comme tout l’écosystème. Je ne vois pas de raison pour qu’il n’y en ait pas. En revanche, quelle forme prendra-t-il ? Ça, c’est plus difficile à dire.
La confirmation et l’encrage de Bitcoin & des principales crypto monnaies (Ethereum) dans le paysage financier institutionnel classique détruit-il l’esprit initial du mouvement (tentative d’émancipation du système traditionnel…) ?
Il y a deux lectures à cette question en fonction de la personne à qui elle est adressée.
La première, celle des puristes, mettra effectivement l’accent sur le fait qu’on s’éloigne des valeurs initiales, mais j’aime dire que la technologie ne revendique rien. Bitcoin a été offert à la communauté comme une alternative, un outil qu’on peut utiliser librement. À partir de là, il serait contraire à l’idéologie d’empêcher les institutionnels de s’en saisir. Je pense que Bitcoin gardera ses valeurs fondatrices, car il y a encore beaucoup de pionniers qui constituent le cœur de l’écosystème, mais naturellement, elles évolueront certainement un peu avec la société et les nouveaux outils.
Ethereum est dans un registre un peu différent, mais on remarque que depuis quelque temps, Vitalik Buterin, son fondateur, a fait plusieurs rappels sur les valeurs de la décentralisation et il essaie de maintenir une feuille de route qui va dans ce sens.
Avec plusieurs années de recul, l’approche d’investissement la plus sage et la plus efficace était l’application d’un DCA sur les principaux tokens. Quel serait vraisemblablement le modèle optimal pour l’avenir ? (continuité ou changements majeurs)
Le DCA est et restera un très bon moyen de se constituer un portefeuille de manière passive. Il permet de viser à long terme et de lisser son prix d’entrée. Il a aussi le mérite de s’adapter à toutes les bourses ; rien n’empêche de faire du DCA avec quelques dizaines d’euros.
J’ai forcément envie de parler de staking également, parce que c’est le cœur de mon métier chez Meria. C’est une formidable méthode pour faire grandir son patrimoine crypto quantitativement, pour celles et ceux qui ont un objectif à moyen et long terme. Aujourd’hui, nous proposons aussi bien des solutions en custody pour les plus débutants, mais aussi en non-custody pour les investisseurs qui souhaitent garder la main sur leurs cryptos.
Après, il n’y a pas de formule magique ; chacun a une sensibilité différente. Mais la réalité est qu’aujourd’hui, il existe une pluralité de services qui permettent de répondre à tous les types d’investisseurs.
Naturellement, on le rappelle, investir comporte des risques.
Quelles pourraient être les grandes thématiques porteuses et novatrice pour l’année 2025 ?
On pense forcément à la narrative de l’IA quand on pose cette question ; c’est effectivement une narrative porteuse et passionnante.
Si je devais citer des thématiques plus larges, je pense que l’interopérabilité (la capacité des blockchains à communiquer entre elles) et l’account abstraction (le fait de simplifier l’expérience autour de l’accès à des services décentralisés) sont des briques indispensables pour passer à l’étape supérieure en termes d’adoption.
Les USA vont-ils devenir leader incontesté du secteur crypto ?
C’est possible. C’est déjà l’un des leaders, il ne faut pas se mentir. Coinbase, Consensys, Kraken, Circle, Chainalysis… sont des sociétés américaines.
Les USA ont une appétence pour l’innovation, un accès à des financements et un marché local qui offrent des prédispositions à créer des champions.
Je reste plus modéré sur le terme « incontesté », en tout cas pour l’instant. Les cartes ne sont pas encore totalement distribuées, mais il est assez évident que les USA seront parmi les pays qui comptent sur le sujet.
Où en es-tu Hasheur ? Quel est ton état d’esprit maintenant que tu es leader francophone du secteur en matière de communication ? Que penserait le Owen Simonin que j’ai interviewé il y a 7 ans du parcours accompli ?
Hasheur va bien ! On approche des 700k abonnés sur YouTube au moment où je réponds à ces questions. On essaie de maintenir un rythme de 3 à 4 vidéos par mois, ce qui n’est pas évident, car YouTube n’est pas ma principale activité, mais je m’en sors. Sur la ligne de conduite, elle n’a pas tant changé : je parle des sujets qui me passionnent avec beaucoup de pédagogie pour essayer d’embarquer un maximum de monde dans cette révolution, ou du moins de leur donner des clés pour s’y intéresser.
Concernant nos entreprises, et notamment Meria, la principale, nous avons effectivement laissé le mining derrière nous en 2020 pour un pivot stratégique vers le PoS (staking). Pas parce que le mining n’était plus intéressant, mais l’industrie a bien évolué, et aujourd’hui, le travail du mineur est plutôt orienté logistique, énergie… ce qui n’était pas vraiment notre cœur de compétence pour passer à grande échelle.
Mais le pari semble gagnant, puisque Meria approche aujourd’hui la cinquantaine de salariés, plus de 100k clients et plusieurs centaines de millions d’euros sous conservation et délégation. Nous sommes assez fiers de cette croissance, même si nous sommes encore très ambitieux et voulons aller beaucoup plus loin. Nous savons que nous avons ce qu’il faut, les moyens humains et financiers, donc la course continue !
C’est un chemin plus difficile, c’est vrai. Il y a des raccourcis, mais ils sont intéressants si le but est de faire un « one shot » et partir. J’ai 27 ans, et l’entrepreneuriat est ce qui m’anime. J’ai encore envie de jouer beaucoup de parties, et ça me plaît de savoir qu’on peut le faire correctement. Si tu veux qu’on termine par un conseil, je dirais : « visez le long terme. L’écosystème est petit, les gens se parlent, et naturellement, celui qui triche aura plus de mal à trouver des joueurs dans ses prochaines parties. »