David Reilly,
Dow Jones Newswires
Les géants bancaires ne sont pas à l'abri de stupéfiantes erreurs de parcours. C'est ce qu'est venu rappeler J.P. Morgan Chase (JPM) jeudi soir, en annonçant contre toute attente que le groupe accusait - jusqu'ici - une perte de 2 milliards de dollars dans ses activités de négoce au deuxième trimestre.
Cette perte malheureuse devrait être gérable, puisque JPMorgan a dégagé un bénéfice net de 5,4 milliards de dollars au premier trimestre. Mais elle contraint les investisseurs à se poser un certain nombre de questions.
Pour commencer, cette annonce surprise donne à des opérateurs de marché déjà méfiants vis-à-vis des actions des grandes banques une nouvelle raison de ne pas miser sur le secteur.
Le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, a reconnu lors d'une conférence téléphonique avec les analystes, organisée à la hâte jeudi soir, que la stratégie de trading ayant abouti à ces pertes était devenue trop complexe. Il a ajouté que ces pertes pourraient augmenter ou diminuer au fil de l'exercice.
Le fait que le roi de Wall Street, Jamie Dimon, puisse s'égarer à ce point ressuscite les interrogations autour des établissements devenus, peut-être, trop lourds à gérer.
Si ces pertes devaient s'avérer plus importantes, tout mouvement de panique risquerait de se répercuter sur différents types de marchés financiers. Et cela ne ferait que conforter les régulateurs, comme la Réserve fédérale, dans leur idée qu'il faut limiter l'exposition des grandes banques les unes aux autres. Des mesures ont été proposées en ce sens, que les banques ont toujours combattues.
J.P. Morgan assure que son "Chief investment office" (CIO), division censée couvrir ses risques mais d'où proviennent les pertes, ne réalise pas de négoce pour compte propre. Ce faux pas ne fera toutefois qu'encourager ceux qui appellent à une application stricte de la "règle de Volcker", justement destinée à encadrer ces activités.
J.P. Morgan a déclaré que les activités du CIO n'allaient pas à l'encontre de la "règle de Volcker" et qu'il devait investir ses dépôts excédentaires. Mais il est assez facile, ce faisant, de s'engager dans des opérations que certains pourraient qualifier de négoce pour compte propre. James Dimon a lui-même montré à quel point les lignes pouvaient être brouillées en déclarant, lors de la conférence, que "tout cela n'a rien à voir avec les clients".
Lorsque c'est le cas, une banque et ses stratégies devraient être soumises à une surveillance renforcée. Et c'est cette perspective, plutôt que la simple perte de court terme, qui va sans doute peser sur les titres de JPMorgan et de ses concurrentes au cours des prochains jours.