Bonjour Ben,
Je donne des cours d'analyse graphique à Euromed et hier était notre premier cours : introduction à l'analyse des graphiques.
Et justement on opposait dans l'intro l'analyse financière à l'analyse graphique.
Je vais vous exposer mon point de vue, qui est bien sûr opposable : il est forgé par mon expérience et ma manière de trader.
L’analyse financière consiste grossièrement :
- Analyser les chiffres d’une société, sa stratégie, sa politique actionnariale
- Analyser la conjecture économique (macroéconomie) et son secteur d’activité
- Calculer la valeur de la société, des objectifs de cours, etc.
Pour fondement : stratégie utilisée par le plus grand nombre d’investisseurs, gérant, traders actions. Stratégie basée sur la recherche de société génératrice de bénéfices, qui vont attirer les investissements et augmenter la valorisation de la société.
L’analyse comportementale consiste grossièrement :
- Analyser le comportement des investisseurs sur le marché, comprendre leurs stratégies
Fondement : le syllogisme du marché : marché = rencontres d’investisseurs = confrontation de l’offre et la demande = prix = représentation du prix et des données sur un graphique.
L'intérêt de l'analyse financière est que la proximité de la source d'informations n'a pas tout le temps un impact réel sur l'analyse : les chiffres sont publics et connus de tous. Certains les ont avant, d'autres savent qu'ils peuvent être faussés, mais en général les chiffres parlent pour la société.
Le seul problème pour le particulier est de ne pas avoir de pied dans les salles de marché : il ne sait pas ce qu'attendent réellement les gérant et les analystes, ni leur psychologie actuelle. Ils n'ont pas accès aux recommandations des "analystes stars" qui peuvent influencer le cours d'action à court terme (effet domino d'un analyste très suivi par ses confères, délits d'initiés et entente). Il ne peut donc pas avoir accès à des informations qui pourraient être importantes à court terme.
L'intérêt de l'analyse graphique est que nous sommes tous sur un même pied d'égalité.
Mais le souci, c'est que tout ce qu'est analyse graphique ne repose sur rien de concret, de prouvé, de démontré. Tout n'est qu'empirisme et très subjectif, tout n'est que théorie (et cela n'a de théorie que le nom). Autre problème, nous ne savons pas sur un graphique le pourquoi d'un mouvement, tu cites les volumes, mais on ne sait pas si ce sont des volumes entrants ou sortants. On ne peut absolument pas percevoir la psychologie du marché, on ne voit que des réactions d'investisseurs, mais sans en connaître les fondements.
L'analyse repose donc sur des éléments précaires.
De plus, nous avons 50% de chance pour que le mouvement monte ou descende. Adieu déterminisme, et jeu de probabilité : aucun outil ne peut donner une probabilité.
Pour moi, l'analyse technique est une dérive égotique et non scientifique : à la base on veut analyser le comportement des investisseurs, l'offre et la demande, et on finit par pondre des théories non vérifiées, des indicateurs techniques par milliers et l'approche commerciale que l'on connait.
Le problème est qu'empiriquement, les tendances, les très nombreuses variations (sommets/creux), les nombreux ticks créent tellement de possibilités graphiques que la probabilité pour un outil empirique a de fonctionné est très importantes. N'importe qui sur un graphique peut élaborer la théorie la plus fantasque, et empiriquement montrer qu'elle fonctionne.
Mais les marchés ne fonctionnent pas ainsi. Il y a la psychologie des intervenants, des stratégies complètement différentes, basées plus sur une gestion du risque que de la spéculation à proprement parlé (on oppose souvent spéculation à investissement, stratégie de couverture).
En acceptant les limites de l'analyse graphique (on ne peut pas prévoir, 50% de chance que ça monte/baisse, on n'a pas accès aux informations importantes, ni au sentiment du marché, à la psychologie des intervenants et gérants), on plus tendance à la considérer sous l'angle statistique que déterministe.
A savoir on ne doit pas chercher la configuration qui va me donner la plus forte probabilité de gagner ou d'avoir raison. Mais d'acheter lorsque d'après ce que j'ai décidé de faire, l'espérance de gain à l'achat est plus importante qu'à la vente (petit SL gros TP).
Je me suis lancé dans une petite expérience justement : des niveaux de "S/R" placés par ici et par là sans réelle raison, sinon l'envie. La stratégie consiste à acheter et vendre ces S/R placés à des niveaux qui n'ont rien à voir avec une analyse graphique, juste le hasard. Le résultat est à la hauteur de ce que je pensais, et confirme bien ce à quoi sert l'analyse graphique et ce qu'est un trader profitable.
Et l'expérience dure depuis juin dernier et se poursuit, avec des résultats toujours aussi bons.
Un gestion du risque et des gains, un gestion du trade et point final, une bonne psychologie et rigueur suffisent à faire le reste et d'être profitable. Tout est dans la tête.
La question est : à quoi va me servir l'analyse graphique ? à quoi sert elle au stratège ? au trader ? de quoi à besoin un stratège et de quoi à besoin un trader pour gagner ?
Comme l'a souligné Ulysse, c'est la gestion du risque, l'espérance de gain qui est importante en trading, le reste est subjectif. Le payoff, le reward ratio, c'est tout. Le reste est de la poudre aux yeux, la "superstition du pigeon" comme j'aime à le rappeler tout le temps.
Cela consiste à montrer que 90% des traders issus du monde particulier et professionnel développent des superstitions basées sur l'empirisme et des idées reçues. Prenez une tendance en daily. Ensuite en intraday, utilisez toutes les théories, tous les outils les plus fous (fibo, gann, indicateurs, même des indic qui repeignent, elliot, babson, hurst, wolf), et ne tradez ces "setups" uniquement dans le sens de cette tendance. Si vous le faite du début à la fin de la tendance, sans s'arrêter, et sur la même tendance, avec des RR > 2, vous gagnerez. La superstition du pigeon, c'est démontrer que ce ne sont pas les outils qui génèrent de l'argent, mais la gestion du risque et des gains. Une tendance, est si forte, si statistiquement favorable, que peu importe votre manière d'entrer, vous gagnerez.
Je dis souvent : que la tendance nous permet d'avoir le culot d'utiliser n'importe quel outil, même les plus farfelus, si on respecte la tendance, et qu'on cultive un avantage statistique, qu'on gère bien le trade, même en rentrant sur des retracements de rené la taupe ça passera quand même.
Pourvu que vous sachiez gérer une position, et ça n'a pas grand chose à voir avec l'AT la gestion d'un trade, mais plus la logique, la gestion du risque, la rigueur, et des couilles
C'est pour cela que je dis souvent que l'AT, et toutes ses dérives, n'est pas un mal. N'importe quelle stratégie sur le net, fonctionne. N'importe quelle théorie. Je connais des traders qui vivent confortablement de cela en tradant qu'avec des RSI, ou un autre avec des fourchettes d'andrew uniquement, ou encore des vagues elliot. La différence c'est que ce sont des traders avec une grande expérience, ils savent gérer des pertes, des gains, et des positions.
C'est ça, le trading.
Et il faux de penser que l'AT est plus "puissante" que le reste. Elle est plus puissante sur le plan marketing, c'est tout, et qui peut être utile pour jouer au gourou.
Pascal.